Un an et demi après le succès de son EP Petit Biscuit , le wonderkid de l’électro française replonge dans les bacs avec Presence , un premier long format exalté qui croise ambient et techno, house et musique trap, compositions classiques et arrangements modernistes. Un opus racé, personnel et inventif, tendu sur une trame rythmique complexe qui transforme brusquement le rookie de 2015 en un artiste mûr.
Et pour cause : Mehdi revient d’une exploration hors du commun, porté par sa chanson « Sunset Lover » qui accumule les streams (plus de 350 millions désormais). Propulsé sur les scènes du monde entier, dans les salles de concerts et les clubs de New York à Bruxelles à la faveur de son premier EP, il a appris le métier sur le tas mais surtout réfléchi sa musique, pensé sa trajectoire. C’est cette expérience, inédite pour un jeune homme qui affiche alors moins de 17 ans, qui lui a permis de comprendre où il voulait aller : aux orchestrations impulsives, presque automatiques, du premier EP, il oppose ici une composition à la fois vivante et maîtrisée. Délaissant les hasards et les errances, il dévoile sur ce premier long format une série de plages musicales vivantes et vivaces, cohérentes et justes. Un disque parsemé d’étincelles dont il dessine le mouvement d’une main de maître. Et dont il contrôle également la destinée : désormais à la tête de son propre label, Petit Biscuit Music , le voici auteur, compositeur, interprète et désormais producteur ; indépendant d’un bout à l’autre.
A la croisée de ses obsessions acoustiques – 13 années d’étude du violoncelle – et de ses désirs électroniques, Petit Biscuit étire désormais un cosmos singulier, une fusion audacieuse qui n’appartient qu’à lui. Travaillant d’impressionnantes ruptures rythmiques, repoussant l’électronique dans ses derniers retranchements, il fait cohabiter les cordes d’une guitare avec un clavier MIDI et des voix au timbre unique. Au-delà de la pratique
musicale, c’est de science de la composition dont il est ici question, au service d’ambiances d’une variété extrême, d’une fraîcheur sans cesse renouvelée, imposée chaque fois avec un aplomb qui force la cohérence globale d’un édifice pourtant baroque, d’un disque chargé d’influences XXL : on y croise des influences trap et des couplets pop, un chant céleste et une techno sauvage, tous unis dans un même geste… Une esthétique qui détache progressivement Petit Biscuit du commun des producteurs de musique électronique, comme en atteste « Waterfall », qui sert de premier single à ce petit bijou longue durée.
Un oeil sur le La de son violoncelle, l’autre sur l’écran de contrôle de ses logiciels de MAO, le Rouenais remixe sa culture musicale sur des plug-ins ultramodernes, cite Nils Frahm, Phoenix et Tame Impala au rang de ses inspirations mais s’en moque finalement, préférant inviter Lido, Panama ou Bipolar Sunshine à souffler dans le micro, à enrichir ses productions et à inventer demain. C’est tant mieux : un son résolument futuriste sort de ses machines, un alliage dément de numérique et d’analogique, de live et de programmation, de techno, de pop et de hip-hop. Une musicalité sans étiquette qu’il s’apprête à disperser sur les scènes du pays tout entier à l’occasion d’une tournée qui le conduira à travers les Zéniths de la France entière (Nantes, Lille, Toulouse et Paris) dès le mois de novembre. De la nourriture pour l’esprit et le battement du coeur.